Terminator 1 et 2, la technologie et le genre

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Suite de l’analyse sur le Terminator, il est conseillé de lire les précédentes analyses, notamment la 1ère et la 3ème qui détaillent l’argumentation technique développée ici pour mettre en évidence le discours sur la technologie associé au genre:

Analyse de la séquence du nightclub dans T1: analyse technique, spiralisation, comment créer le suspense avec le montage principalement, discours sur la technologie

Analyse de la séquence du poste de police dans T1: discours sur la technologie, comment créer la violence sans montrer d’images chocs

Analyse de la séquence du centre commercial dans T2: confirmation de ce qui a été dit pour T1

Analyse de la technologie dans T2: T2 mis en perspective avec 24 heures chrono, deux discours différents mais qui se rejoignent

Il s’agit ici, à partir de scènes précises, de mettre en avant le discours sur la technologie que propose Terminator, par le genre, et d’en voir une évolution entre le premier et le deuxième opus, évolutions marquées par l’histoire narrative (T2 se déroulant 10 ou 13 ans après T1, le film laisse invraisemblablement les deux informations), mais aussi marquées par le contexte de sortie des films (respectivement 1984, 1991).

Terminator 1, technologie et hypermasculinité

Le Terminator: un surhomme déshumanisé

Reprenons la séquence du nightclub, majeure puisque les trois personnages principaux se rencontrent pour la première fois. Sarah Connor, se sentant poursuivie et en danger, s’y réfugie pour appeler la police. La police ne répond mais le raccord montre un plan sur des voitures de police, dans lequel le Terminator surgit, légèrement en contre-plongée. Cela donne inconsciemment l’idée que c’est le Terminator qui viendra voir Sarah, sa cible, et non la police. Cette impression d’ubiquité lui confère une domination totale, laquelle est intensifiée par le fait qu’il regarde à droite, alors que Sarah regardait à gauche. Il se dirige donc symboliquement vers elle et rien ne peut l’arrêter sur son chemin. Son regard froid de marbre et sa marche constante le différencient des hommes, malgré l’apparence humaine dont il est doté. Ce n’est certainement pas Matt, le copain de Ginger – l’amie de Sarah – qui peut l’arrêter. Le duel met en avant la force du Terminator qui assomme Matt en quelques secondes. Lors du meurtre de Ginger, la musique horrifique contrastant à la musique qu’elle écoutait quelques instants avant, l’effet de ralenti et les plans en contre-plongée sur le Terminator représentent son invulnérabilité et son caractère destructeur. Alors que Ginger, abattue, est couchée sur le sol et tente en vain de s’enfuir, un insert sur sa main ensanglantée insiste sur la violence de la scène, rendant le Terminator encore plus cruel et sans pitié. Il tire plusieurs coups pour l’assassiner. Un autre insert sur son visage inerte met en avant que Ginger est rendue comme un objet pour le Terminator et qu’elle n’a aucune chance face à lui. Alors que Ginger dansait dans sa cuisine, il a fallu à peine cinq secondes pour que le Terminator la rende à jamais inerte.

En écrasant la baladeur, le Terminator tue la musique, le son, symbolisant qu’il va venir tuer Sarah qui se trouve dans un environnement musical et sonore, le nightclub, comme s’il écrasait Sarah. Un insert montre le répondeur du téléphone, se suit alors un insert sur l’arme du Terminator. Puis, un peu plus tard, le Terminator regarde en contre-plongée une photo de Sarah. Symboliquement, la suite téléphone/arme/Sarah induit que Sarah est sa prochaine cible. En regardant la photo, le spectateur a déjà l’impression que le Terminator se trouve en face d’elle, impression intensifiée par la voix du policier qui confirme qu’elle est bien la cible du Terminator, « c’est elle », écartant tous doutes, et rappelant la futur réplique de Mulholland Drive, « c’est la fille ». Après avoir tué plusieurs Sarah Connor, on confirme que le Terminator a trouvé sa cible. Sans presque aucune ellipse temporelle, le Terminator se trouve d’ailleurs déjà dans le nightclub. Le travelling arrière qui accompagne le mouvement du Terminator insinue que la distance entre « lui » et elle se raccourcit, et que personne ne peut empêcher cette rencontre, pas même le personnel du nightclub qui est battu par le Terminator, à l’indifférence de toute la foule, ne le remarquant pas, alors qu’il est pourtant loin de leur ressembler.

Le léger ralenti et l’effacement de la musique au profit d’une musique horrifique mettent en avant que le Terminator s’apprête à tuer sa cible. Le Terminator domine toute la foule, il ne ressemble à aucun autre. Il n’est déterminé que par une seule chose: trouver Sarah Connor et l’assassiner pour réussir sa mission. Alors que la musique du nightclub est totalement effacée et que culmine une musique angoissante, le Terminator s’approche lentement mais sûrement de Sarah pour la tuer. Il se suit ensuite une fusillade avec un montage très intéressant composé de plans flashs qui permet de mieux comprendre le caractère invulnérable du Terminator.

En effet, après avoir été abattu, l’insert sur la main du Terminator qui bouge fait comprendre qu’il n’est pas véritablement mort. Le Terminator ne peut pas mourir, c’est un robot à l’apparence humaine, un cyborg que rien ne peut arrêter. On remarque d’ailleurs que, lorsque le Terminator est abattu, l’échelle de plans devient de plus en plus serré sur lui: plan taille, plan rapproché, insert sur la main; puis lorsqu’il se relève, c’est exactement l’inverse: insert sur la main, gros plan, plan taille, plan pied. Ce renversement crée un cercle vicieux, une spirale infernale qui montre que, même si le Terminator est abattu, tombé à terre, il se relève toujours avec le même processus. Le caractère « mécanique » des plans souligne le caractère « mécanique » du Terminator, robotisé, qui tombera et se relèvera toujours de manière identique. On remarque en effet que le dernier plan lorsqu’il se relève est presque le même plan lorsqu’il était debout, installant une symétrie, il se remet donc toujours dans sa position initiale, d’où pourquoi il est invincible. Lorsqu’il se relève, on ne montre qu’une seule fois Sarah dans un plan flash qui est monté entre deux plans flash sur le Terminator se relevant, comme si elle était piégée face à cette machine à tuer (TST). Non seulement il est invincible mais plusieurs plans en contre-plongée mettent en valeur sa lourdeur, sa puissance, sa force  et le montrent en train de mitrailler toute la pièce, procédant à un massacre sanglant. Une nouvelle fois un plan flash de Sarah est isolé entre deux plans flash du Terminator qui est prêt à tout pour l’abattre (TST).

Une nouvelle fois, plus tard, le Terminator est abattu et projeté à l’extérieur dans la rue. Trois plans montrent sa chute, le premier étant un plan pied de lui en train de tomber, le deuxième un plan pied le resserrent d’avantage sur le sol puis enfin le troisième un plan rapproché de lui, à terre sur le sol. On pourrait le croire cette fois-ci mort, mais il va de nouveau se relever. Comme pour la chute, trois plans montrent qu’il se lève, soulignant une nouvelle fois sa nature mécanique, il se relève comme il tombe, peu importe le nombre de balles qui le touche. Alors que les trois plans montrant sa chute le resserrent de plus en plus, les trois plans montrant son lever font exactement l’inverse. Ceci confirme la spirale instaurée précédemment: rien ne peut arrêter le Terminator, il se relève toujours de manière identique car il n’a en fait rien d’humain, mais il est programmé pour résister aux attaques, comme l’indique le caractère mécanique de l’échelle des plans et du montage ternaire.

Plus tard, dans la rue, le Terminator, toujours en travelling arrière et contre-plongée, pourchasse sa cible. Un plan subjectif rouge montre la vision du Terminator, nous imposant de voir ce qu’il voit. La technologie nous contraint à une vision horrifiée et à viser Sarah contre notre gré. Cette vision est zoomée à deux reprises pour se rapprocher artificiellement de la cible, le Terminator pouvant voir Sarah en zoomant sur elle, alors qu’il ne se rapproche pas pour autant physiquement. Il est donc doté de pouvoirs surhumains puisque l’oeil humain est incapable de procéder à un tel zoom. Une nouvelle fois, il y a cette impression qu’il peut être partout où il veut, puisqu’il il donne l’impression d’être tout proche de Sarah. On retient également que les plans montrant sa vision subjective en rouge sont au nombre de trois, confirmant une nouvelle fois le caractère mécanique au rythme ternaire de la machine, ce qui le déshumanise complètement. La déshumanisation est intensifiée lorsque le Terminator traverse les flammes pour sauter sur la voiture de Sarah, il résiste non seulement au feu mais aussi à la vitesse de la voiture. Le Terminator rate sa cible et tombe une nouvelle fois en trois plans, toutefois il se relève dans un seul, comme pour montrer sa furiosité. Mais trois plans le montrent voler une voiture de police et s’engager dans une course-poursuite contre Sarah.

Comme le montre cette séquence, le Terminator est un surhomme déshumanisé invincible dont rien ne l’arrête. Il est incarné par Arnold Schwarzenegger qui est une figure des Hard Bodies des années 1980 comme Sylvester Stallone entre autres (voir L’Expert et le genre du men’s adventure). Comme Stallone dans Rambo ou Rocky, Schwarzenegger met en avant la force de son corps dans ce film mais aussi dans Commando en 1985 et Predator en 1987. Le corps bodybuildé d’Arnold Schwarzenegger, ancien bodybuilder professionnel, est à la fois naturel et construit, ce qui convient à l’incarnation du rôle de cyborg. On note que le corps masculin est un motif majeur dans le cinéma Hollywoodien, comme l’illustrent Tarzan avec Johnny Weissmuller dans le rôle titre ou les péplums de l’âge d’or comme Spartacus avec Kirk Douglas. Toutefois, le cinéma d’action des années 1980 est véritablement caractérisé par les Hard Bodies. Selon Yvonne Tasker, dans Spectacular Bodies, la puissance physique du corps masculin est un aspect clé du spectacle visuel. Comme Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger incarne l’hypermasculinité, une masculinité exagérée caractérisée par la force, l’agressivité et la sexualité. Même si le cyborg est asexuel, Claudia Springer note qu’à la libération sexuelle  et au désir sexuel se substituent des actes de violence majeurs.

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Arnold Schwarzenegger pour « Commando », 1985

Les Hard Bodies, ces corps solides et puissants à toute épreuve, permettent l’affirmation de la masculinité, détériorée en 1980 face au féminisme. Selon Susan Jeffords et Yvonne Tasker, l’émancipation, l’empowerment des femmes et les droits civiques des années 1970 créent une anxiété qui nécessite une réponse forte de la part des hommes. Alors que Ronald Reagan est élu pour incarner un leader fort et incarner des valeurs familiales, le cinéma met en valeur l’hypermasculinité. Le Terminator est un surhomme, ce qui est source d’affirmation, pourtant le discours se veut paradoxal puisqu’il est également une machine terrifiante à tuer déshumanisée.

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L’hypermasculinité est donc représentée négativement, même si le corps de Schwarzenegger est glorifié, sa violence, sa force, sa domination masculine sont vues d’un mauvais oeil dans la mesure où il ne présente aucune psychologie, il n’y a que sa force qui prime. L’hypermasculinité est ici associée à un manque de compassion, de psychologie. Varda Burstyn va même jusqu’à associer l’hypermasculin au guerrier. Le Terminator est totalement indifférent à la souffrance et durant tout le film, récite 74 mots pour 27 meurtres, donc 2,5 mots par meurtre. Le Terminator peut être associé au soldat à l’ère antique, où la violence primait et que les sentiments étaient oubliés.

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La déshumanisation du Terminator critique nettement l’hypermasculinité. On ne peut pas retenir le Terminator comme un modèle à suivre et on ne peut clairement pas s’identifier à lui. De plus, l’hypermasculinité est associée à la technologie et permet de rendre les hommes qui ne sont pas hypermasculins inférieurs, à l’image de Kyle Reese.

Kyle Reese: un leader vulnérable inférieur au Terminator, inférieur à la technologie

Alors que le Terminator s’apprête à tuer Sarah dans le nightclub, celle-ci identifie un autre homme, Kyle Reese, comme celui qui serait à ses trousses. Pourtant, lui a bien identifié la menace du terminator et sort un fusil pour l’abattre. En sauvant Sarah, il se présente comme le héros du film. Kyle ayant vécu le futur, essaie d’imiter la machine, privilégiant une violence et épargnant le plus possible ses sentiments, mais il est dominé par le Terminator dans cette séquence, même s’il réussit à l’abattre à plusieurs reprises, et dans tout le film. Il reste physiquement inférieur à l’hypermasculinité du Terminator, et donc inférieur à la technologie.

La technologie est source d’angoisse et d’anxiété puisqu’elle change le rapport classique de domination et de pouvoir. La technologie dé-virilise Kyle Reese qui est plus faible et impuissant face au Terminator, même s’il essaie de rester fort et décisif pour protéger Sarah. L’hypermasculinité, critiquée car trop déshumanisée, associée à la technologie, met donc en mal les hommes comme Kyle Reese. Qu’en est-il de Sarah Connor?

Sarah Connor: une femme en détresse

Présentée comme maladroite en tant que serveuse et ayant peu de chance dès le début du film, l’image de Sarah n’est pas améliorée ici. Se sentant poursuivie par un homme, Kyle, elle se réfugie dans le nightclub. Elle se trompe d’emblée en identifiant Kyle comme menaçant. Le travelling arrière dans la rue empêche de savoir où elle va mais permet de visualiser Kyle qui l’épie. On note le motif de la grille à la caisse puis une nouvelle grille occupe tout le cadre avec Sarah derrière puis devant, donnant l’impression que Sarah s’enferme elle-même dans une prison sans le savoir. Le nightclub crée immédiatement un contraste avec la rue, au travelling arrière se substitue le travelling avant, et au calme l’agitation, la foule, la cacophonie. Pour Sarah, il s’agit d’un endroit rassurant mais l’aspect huis-clos montre qu’il est difficile de s’en échapper. Et l’agitation, la musique, les lumières le rendent oppressant. Sarah est présentée comme trop naïve. Sarah reste assise à une table, l’absence d’action rend la héroïne totalement passive, sa passivité est accrue par le mouvement des danseurs. Elle est perdue au milieu de la foule et la police ne répond pas à son appel, elle n’arrive à rien, elle n’est certainement pas le héros classique du film d’action. La forme des tables et des chaises en grille confirment qu’elle est piégée dans ce huis-clos, seule, démunie.

De plus, Ginger se trouve également dans un environnement musical, en train de danser toute seule, alors que le Terminator est en train d’abattre son copain. La situation de Ginger rappelle celle de Sarah, les deux femmes sont mises en parallèle. C’est peut-être à cause de son baladeur que Ginger meurt, et c’est à cause d’une autre technologie, le téléphone, que Sarah appelle le Terminator sans le savoir et donne rendez-vous avec la mort. Il est évident que la mise en scène insinue le même sort pour Sarah, présentée comme trop naïve et trop faible. Ainsi, sans le savoir, elle donne toutes les informations au Terminator qui est à l’autre bout du fil. Le téléphone de Ginger est visé par l’arme du Terminator qui vise en fait indirectement Sarah. En utilisant mal la technologie, Sarah se donne d’emblée la mort. Cette mauvaise utilisation de la technologie était déjà annoncée lorsque la police n’a pas répondu au premier appel et que le raccord montrait en contre-plongée le Terminator. On a une nouvelle fois cette impression que le Terminator est presque en face de Sarah prêt à la tuer. Face à la force du Terminator, Sarah n’a aucune chance et a entamé une forme de suicide involontaire. Alors que Ginger se trouvait dans un environnement musical, insouciante, et que le Terminator abattait Matt dans un environnement calme, on a là Sarah naïve dans le nightclub alors que le Terminator se trouve dans la maison morbide mais calme de Ginger. La mort de Sarah est imminente.

Pourtant, elle réussit à se sauver involontairement car quand le Terminator est sur le point de l’identifier, elle fait tomber un objet de la table, ce qui la sauve puisqu’elle penche la tête, empêchant la machine de la reconnaitre. C’est donc une maladresse qui la sauve de la mort: Sarah est non seulement naïve mais aussi maladroite. Elle n’est pas de taille pour affronter le Terminator. De plus, elle a peur de Kyle alors qu’il est ici pour la sauver. Le Terminator l’identifie et en conte-plongée, la vise avec son laser. Un plan subjectif nous aveugle, spectateurs. Mais Sarah est sauvée par Kyle et plus tard, est cadré ensemble avec lui dans le plan. A ce moment précis, une once d’espoir apparait. Kyle et Sarah sont presque toujours cadrés ensemble, sauf lorsque Kyle déclenche une explosion dans la rue pour faire face au Terminator, à ce moment, Kyle est cadré seul comme pour indiquer qu’il reste le héros actif et que Sarah est toujours passive. De plus, lorsque Sarah est agressée par la main du Terminator accroché à la voiture, elle est cadrée une fois seule avec Kyle légèrement visiblement au fond puis Kyle est toujours cadré avec elle comme pour indiquer qu’il essaie de maîtriser la situation.

(schéma du montage:

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Dans ce premier opus, Sarah est donc présentée comme naïve et faible, en détresse. C’est après avoir rencontré Kyle Reese et connu la menace du Terminator qu’elle va s’affirmer. Elle va essayer d’imiter Kyle Reese et donc reproduire du masculin. Ainsi, à la fin du film, c’est elle qui aide Kyle Reese à s’évader, lui lançant « Soldat, debout! » et elle qui a le mérite de tuer définitivement le Terminator et ce à main nue, remportant la victoire finale.

Le premier film critique donc l’hypermasculinité qu’il associe à la technologie et la déshumanisation, rendant trop inférieurs les hommes comme Kyle Reese et changeant donc le rapport de pouvoir. Mais Kyle a le mérite de transformer Sarah, processus qui atteint son apogée dans le deuxième opus.

Terminator 2, inversion des rapports

La séquence du désert

Le Terminator, un père avant tout?

Alors qu’ils s’enfuient pour le désert, le Terminator brise la vitre d’une voiture et essaie de la trafiquer techniquement pour l’allumer. John lui montre alors où sont cachés généralement les clés en lui disant: « on commence à apprendre? ». Comme l’illustre particulièrement cette séquence, il y a tout au long du film un processus d’apprentissage, voire d’humanisation du Terminator qui n’est clairement pas le même que dans le premier opus. Alors qu’au début du film John lui apprenait à ne pas tuer, dans cette séquence il lui apprend le langage humain. Au « affirmatif » du registre militaire se substitue « no problemo ». Mais le Terminator s’intéresse également pour la première fois à l’humain, alors qu’il était présenté dans le premier opus, comme l’illustre la séquence du nightclub, comme une machine pour qui ne compte que la mission. En effet, lorsqu’il répare la voiture dans la station service, il observe attentivement deux enfants en train de jouer à se tuer avec deux pistolets. Il arrête ce qu’il est en train de faire pour étudier ce que font les deux enfants. Ces deux enfants sont cadrés tous les deux dans des plans isolés, comme pour indiquer que le Terminator leur porte de l’attention. L’effet de ralenti lorsqu’ils jouent accentue cette impression. Il réfléchit quelques secondes pour dire enfin « c’est dans votre nature de vous tuer vous-même ». Le Terminator marque une pause ici dans sa mission pour observer le comportement des enfants et s’intéresse aux comportements humains, à la psychologie et même sur la nature humaine, des questions philosophiques. Plus tard, lorsqu’ils arrivent chez Enrique, il vise avec son fusil Enrique et finit par ranger son arme lorsqu’il voit que Sarah prend Enrique dans ses bras et rigole. Le Terminator étudie le comportement, la psychologie des hommes, il réfléchit en premier et agit ensuite, et non l’inverse, comme dans le nightclub où il mitraille partout même s’il ne voit pas sa cible. Ici un travelling avant sur lui indique qu’il prend ce temps de pause pour observer les comportements humains, mener une réflexion, tenter l’analyse de la situation. Un plan en contre-plongée extrême à la hauteur d’un bébé le montre, n’indiquant plus sa force – laquelle est évidente par rapport au bébé -, mais plutôt montrant qu’il y a une extrême différence entre sa personne, ce qu’il est, et le bébé. Cette contre-plongée indique que pour lui, le bébé est quelque chose d’étranger qui le fait questionner et s’interroger sur cette différence entre eux. Pour mieux comprendre, il soulève le petit enfant avec délicatesse à sa hauteur et l’observe, l’examine. C’est également la première fois qu’on attribue un nom au Terminator, de plus en plus humanisé donc, puisque John le présente comme « l’oncle Bob ». Non seulement il a un nom mais il fait parti, soi-disant, de la famille. Plus tard, lorsque le Terminator trouve une arme de haute technologie, il sourit pour la première fois. Par ailleurs, on note qu’une scène coupée du film précédant cette scène montre à la station service que John lui demande de sourire en lui montrant un homme souriant. On voit alors le Terminator analyser le sourire pour l’imiter et s’entrainer à le faire.

Alors qu’il répare la voiture avec John, il s’arrête et va plus loin en demandant directement à John: « pourquoi vous pleurez? ». La question n’est pas liée à la mission et pourtant le Terminator a ce désir – désir, psychologie humaine, non robotique -, de comprendre l’humain. Il s’intéresse à la psychologique et essaie de comprendre ce qu’il ya à l’intérieur de l’homme. John met d’ailleurs en avant que les larmes ne sont pas toujours liées à la souffrance mais à l’intérieur, aux sentiments intérieurs. Puis, juste après, il lui répond « no problemo », ce qui indique que son programme intègre désormais ce qu’il a appris par les hommes. Lorsqu’il perd au jeu de John et que cleui-ci lui dit qu’il est « trop lent », il fait une légère grimace, éprouvent véritablement un sentiment, il n’aime pas être critiqué. Sous le regard de Sarah, ils s’amusent ensemble et l’effet de ralenti sur ces plans insiste sur le fait qu’ils s’entendent ensemble, sont sur la même longueur d’onde. Les ralentis insistent également sur le caractère rare de ce moment, le Terminator jouant avec John, et sur le fait qu’il a intégré quelques émotions humaines. On retient également en particulier le ralenti sur le pouce qu’il lève pour indiquer que tout va bien, pouce levé que l’on retrouvera à la toute fin du film dans un moment clé.

« En regardant John avec cette machine, tout devint très clair, le Terminator ne s’arrêterait jamais, il ne l’abandonnerait jamais et il ne le frapperait jamais, ne crierait jamais après lui ou le tabasserait en rentrant soul ou ne dirait qu’il est trop occupé pour jouer avec lui, il serait toujours là et il mourrait pour le protéger. Et, de tous les pères possibles qui sont passés toutes ces années, cette chose, cette machine était le seul à être à la hauteur, dans un monde de fous, c’était le choix le plus raisonnable », raconte Sarah en observant le Terminator et son fils John. En critiquant la figure stéréotypée, classique du père, Sarah désigne elle-même que le père idéal serait incarné par le Terminator. On observe dans cette séquence une relation forte entre le Terminator et John qui véritablement s’entendent. Ils s’entraident même comme un père et son fils lorsque le Terminator répare la voiture. Alors que le père de John n’est pas encore né, le Terminator représente comme un père de substitution.

Le Terminator est donc présenté comme plus doux, moins hypermasculin que le premier Terminator dans l’opus précédent. Selon Susan Jeffords, cela s’explique par la substitution du « Hard » par « Soft » lors de l’ère Bush, après Reagan, dans les années 1990. Contrairement à Predator ou Commando ou le premier opus du Terminator, les films incluent de plus en plus des données familiales, notamment l’importance de la paternité, comme True Lies avec Arnold Schwarzenegger et présentent des héros moins hypermasculins, plus neutres comme Neo dans Matrix. Le Terminator est donc plus sensible, ressent des émotions, et alors même qu’Arnold Schwarzenegger reste un « Hard Body », il reste tout de même moins imposant que dans le premier opus. En tant que père de substitution de John et sauveur de l’humanité indirectement, il est père de l’humanité, et même, le père idéal selon Sarah. Il remplace donc d’une certaine façon aussi Sarah, notamment dans cette séquence, alors que le Terminator réussit à dialoguer avec John et est sur la même longueur d’onde avec lui, demande son aide, on remarque qu’il n’y a presque aucun contact entre John et sa mère biologique Sarah, qui ne lui répond même pas, notamment lorsqu’il lui demande si elle souhaite manger ses frites. On voit donc déjà le changement entre le Terminator hypermasculin déshumanisé du premier opus et le Terminator certes imposant mais sensible du deuxième opus, et il faut analyser la séquence finale pour mieux comprendre l’évolution. Avant cela, la séquence du désert présente une Sarah Connor étonnante par rapport à la séquence du nightclub.

Sarah Connor, la femme de l’action

Le processus d’inversion qui concerne le Terminator concerne également Sarah Connor. Alors que le Terminator observe les enfants jouer et essaie de comprendre la nature humaine, Sarah l’interrompt brusquement en lui demandant de dire tout ce qu’il sait sur Skynet. Plus tard, lorsqu’ils arrivent chez Enrique, celui-ci sort avec un fusil pour le viser. On note qu’il porte un chapeau et tient un fusil dans un décor désertique. La scène rappelle un décor de western et l’homme peut être comparé à un cowboy. Sarah, immédiatement après, se retourne et sort son revolver. La scène renvoie à un duel classique de western avec un face à face de deux cowboys, à la seule différence que Sarah, ici, cheveux attachés de plus avec un veste en jean, incarne l’un des deux cowboys. Le Terminator n’est que le troisième à sortir son fusil. Ce n’est plus la Sarah passive et faible du premier opus qui est présentée ici, c’est une Sarah « masculinisée », guerrière, femme de l’action, qui agit d’abord puis réfléchit ensuite. Elle donne des ordres au Terminator et John, « vous, réapprovisionnement en armes », son vocabulaire est de plus en plus militaire alors que celui du Terminator s’humanise. Le processus d’inversion va encore plus loin, notamment lorsque Sarah adopte le look typique du Terminator, c’est-à-dire qu’elle s’habille tout en noir, porte une ceinture militaire, des lunettes de soleil et tient un fusil haute technologie. On peut émettre l’hypothèse que Sarah Connor tente de prendre la place du Terminator qui lui-même prend sa place de parent. Alors que Sarah incarne la guerrière par excellence, la seule figure véritablement masculine ici, le Terminator, incarne plus un rôle de parent, l’identité masculine étant associé à la paternité, non plus à la violence, la force, la destruction.

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La séquence finale

Le duel entre le Terminator et le T1000

La séquence finale oppose le Terminator, Sarah et John au T1000, le Terminator envoyé pour tuer John, dans une fonderie. Elle débute lorsque le Terminator pulvérise le T1000 en mille morceaux après lui dire « Hasta la vista, baby! ». A ce moment, une série d’inserts montre les différents morceaux de métal fondu qui compose le T1000 commençant à se reformer. Le T1000 est de nature différente par rapport au Terminator, il n’est pas « solide », dans la mesure où il n’a pas de structure squelettique, il n’a donc rien d’humain, c’est une machine de métal. Son corps fluide permet que ses blessures ne soient jamais visibles, il ne saigne pas comme le corps musclé du Terminator. Une fois reformé, le T1000 a une apparence humaine mais il ne partage en rien la virilité ou l’hypermasculinité du Terminator. Il est fin, plus petit, perméable et a un physique plus neutre comparé au Terminator. Il a un regard de marbre et il est froid, neutre comme un métal. Il est tout à l’opposé du Terminator, il manque de personnalité, n’a pas le même charisme, à la virilité se substitue sa transparence, il n’est donc pas masculin. Son manque de personnalité est également traduit par le costume de policier qu’il porte, costume que tout policier peut porter, ainsi que la fabrication de toute arme blanche lorsqu’il le veut, alors que le Terminator a son propre costume qui lui est typique, l’ensemble en cuir avec lunettes de soleil, et un fusil. Il possède également une totale liberté de son corps puisqu’il permet de se retourner sans se retourner physiquement, il fait ce qu’il veut avec son corps alors que le Terminator reste une machine imposante limité dans ses mouvements. De plus, à la fin de la séquence, il imite la voix de Sarah et se fait passer pour Sarah, le T1000 pouvant être un homme comme une femme, il n’est donc définitivement pas masculin et pire, loin d’être humain. Le fait que le T1000 puisse avoir tout ce qu’il souhaite et être comme il le souhaite lui enlève donc toute personnalité. Il est donc rendu moins humain, et alors que l’on peut voir dans cette séquence la vision subjective du Terminator – comme dans tout le film -, on ne voit jamais la vision subjective du T1000, rendant l’identification pour le spectateur impossible.

Le T1000 rend le Terminator obsolète. Plus tard, plusieurs plans d’ensemble montrent le T1000, acharné, le fracasser puis le pulvériser définitivement. Le Terminator, rendu obsolète, se retrouve dans la même situation que Ginger dans le premier opus, sur le sol, rampant pour tenter de s’enfuir et attraper son arme. De manière identique, plusieurs inserts montrent sa main qui tente de reprendre l’arme. Sur une musique tragique, il est « terminé » par le T1000 et finit par s’éteindre. Un insert montre la main s’arrêter, perdue de toute énergie. Toutefois, l’énergie de secours rallume l’oeil rouge du Terminator, déterminé. Sa détermination est soulignée par le retour du thème musical ainsi qu’une série d’inserts montrant qu’il fait glisser la lance qui l’a transpercé. Il reprend finalement l’arme et confirme le statut qu’il revendique, c’est le héros, déterminé à remplir sa mission. Il envoie, dans un dernier moment de bravoure mis au ralenti, une balle explosive dans le T1000 qui finit par se projeter dans la lave avant de disparaitre à jamais.

Face au T1000, le Terminator est donc physiquement « à l’ancienne ». En effet, les Hard Bodies et l’hypermasculinité sont désormais des figures du passé, de la décennie précédente. Presque obsolète, le Terminator est inférieur aux nouvelles technologies. Mais ce duel permet de mettre en exergue l’humanisation du Terminator, pour lequel le spectateur compatit. Ce n’est plus le physique qui compte mais le sentiment intérieur. Or c’est le Terminator émotionnel qui remporte la bataille, pas grâce à son corps qu’il laisse glisser sur une machine car démembré, mais grâce à l’émotion. Les muscles étant obsolètes, impuissants face à la nouvelle technologie dernier cri, c’est la personnalité forte du Terminator qui remporte face au manque de personnalité du T1000.

Le discours sur la masculinité est donc associé aux émotions. L’humanisation partielle du Terminator entraine une once d’espoir sur la technologie, valable si bien maitrisée par l’homme. La violence du Terminator, contrairement au premier opus, est vue ici positivement puisque qu’elle n’est pas destructrice, elle sert de défense pour protéger John et donc l’humanité. Alors que les Hard Bodies des années 1980, le Terminator du premier opus, étaient des machines de destruction de masse, sans émotion, détruisant le monde, l’émotion a désormais une importance capitale. L’engagement émotionnel, l’intelligence, la réflexion priment désormais, et le Terminator, dans cette séquence, marque plusieurs fois l’arrêt pour réfléchir avant d’agir. En allant dans ce sens, Susan Jeffords souligne que le processus d’humanisation du Terminator permet une inversion, comme vue dans la séquence du désert, se substitue à l’action de tuer celle de ne pas tuer, à l’indifférence l’amour, au silence la parole et à l’extériorisation l’intériorisation, à des parents passifs des parents actifs, ce qui permet de faire vivre les hommes ensemble. Intériorisé émotionnellement, ce n’est donc pas le Terminator physique qui remporte la victoire mais le Terminator engagé, émotionnel, ayant la rage de se réveiller pour sauver John et l’humanité, le Terminator qui est presque comme ouvert sur le monde.

Sarah, la guerrière impuissante

Sarah se comporte certes comme une guerrière mais elle présente des marques de fragilité. Dès le début de la séquence, elle est blessée, touchée à la jambe. Sans l’aide du Terminator, elle réussit à sauver John une première fois. Une nouvelle fois, une alternance entre gros plans sur le T1000 et gros plans sur l’arme de Sarah instaure une forme de duel digne du western, Sarah tire à plusieurs reprises sur le T1000 sans provoquer d’effets destructeurs. Elle finit par être transpercée par une lame, impuissante, elle est sauvée au dernier instant par le Terminator.

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Lorsque le Terminator est pulvérisé par le T1000, un insert montre la main du Terminator ne pouvant plus reprendre l’arme, puis un raccord permet l’enchaînement avec un insert montrant l’arme de Sarah et sa main qui la récupère. Cet enchainement permet d’opérer une nouvelle tentative pour elle de remplacer le Terminator. Une nouvelle fois, elle tire à plusieurs reprises jusqu’à vider sa cartouche sur le T1000 mais celui-ci résiste et il faut que le Terminator intervienne une dernière fois pour le terminer, expliquant bien que Sarah ne peut pas le remplacer.

Le sacrifice du Terminator

Après avoir terminé le T1000, le Terminator réplique une blague: « j’ai besoin de vacances », ce qui finit par l’humaniser totalement, dans la mesure où toute technologie doit fonctionner tout le temps. Pour que tout Skynet disparaisse, le Terminator annonce qu’il doit disparaitre lui aussi. Alors que Sarah prend sans hésiter la télécommande qui permet de le faire descendre dans la fonderie, John pleure. Le Terminator lui répond: « je suis désolé, je suis désolé ». Le Terminator a intégré la psychologie humaine et il comprend désormais les sentiments des autres. Mais il en éprouve également, puisque le fait d’être désolé est une émotion en elle-même. Une machine comme lui n’a pas à être désolé, ni même ravi ni même joyeux, il est programmé pour ne rien ressentir et accomplir sa mission. En étant « désolé » trois fois, le Terminator est considéré comme un humain. Rejetant une première fois John, il va finalement avant de se sacrifier, consacrer un temps de pause, de réflexion pour observer les larmes de John. « Je sais maintenant pourquoi vous pleurez, mais c’est quelque chose que ne pourrai jamais faire », indique-t-il en touchant ses larmes, est le point culminant du processus d’humanisation du Terminator, qui contraste entièrement avec le premier opus. Grâce aux hommes, la technologie n’est plus neutre et même devient semblable à eux. Toujours, ce n’est plus son aspect physique, son caractère hypermasculin qui est mis en avant ici mais ce qu’il ressent, ce qu’il y a à l’intérieur de lui-même. John va dans ses bras, le Terminator le prend dans ses bras également, comme un père. Un gros plan montre les larmes de John alors qu’un autre montre la tristesse visible du Terminator. Un troisième plan montre la poignée de main entre le Terminator et Sarah. Alors qu’il descend dans la fonderie, plusieurs plans subjectifs du Terminator montrent en contre-plongée Sarah et John, ces fois-ci sans sa vision rouge informatisée. La mise en scène lui dote d’une vision humaine, il est considéré comme un humain puisqu’il a intégré presque tout son langage, comme en témoigne son pouce levé.

En se sacrifiant pour l’humanité, le Terminator peut se rapprocher du Christ. Il devient le père de l’humanité. De plus, on note que durant tout le film, il est seul contre tous, notamment la police, lui essayant de protéger l’humanité alors que la police essaie de protéger le bâtiment de Skynet. En se sacrifiant, il démontre également qu’il a appris des erreurs du passé, le dernier Terminator ayant laissé son bras ce qui a permis le développement des machines par Skynet. Son sacrifice fait l’éloge d’une hypermasculinité qui s’humanise et laisse une part importante aux sentiments. Pour Susan Jeffords, la paternité, thème mis en avant au cinéma dans les années 1990, est un véhicule d’émotions. Aussi, dans une société robotisée, mécanisée, on montre ici l’importance de l’individuel, le héros doit non seulement se différencier des autres – le Terminator se différencie du T1000, trop neutre – mais aussi doit agir seul pour résister. La masculinité est donc associée à trois éléments majeurs: intérioriser, avoir un caractère propre, pouvoir agir seul.

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Alors que le Terminator disparait dans la fonderie, ne restent plus que Sarah et John, finalement le seul survivant masculin puisque tous les autres meurent – son père adoptif, Dyson, le T1000 et le Terminator. Dans un premier temps grâce à Sarah puis grâce au Terminator, le John garçon est devenu le John homme. Il assiste témoin à la destruction de deux modèles de masculinité, celui des années 1990 incarné par le T1000 et celui regretté des années 1980 incarné par le Terminator. Susan Jeffords précise qu’il survit à la « vieille masculinité ». Il prend place du Terminator et devient le nouveau père de l’humanité: en envoyant le Terminator dans le passé plus tard, il sauve l’humanité. C’est donc à lui désormais de sauver le futur mais également d’incarner la nouvelle masculinité du futur, une masculinité d’emblée caractérisée par l’émotion. Alors que Sarah ne ressent presque pas d’émotions et reste plutôt indifférente lors du sacrifice du Terminator, John est en larmes. C’est peut-être ici la nouvelle identité masculine de la décennie suivante, les années 2000, une masculinité en perdition, « en crise », se posant continuellement des questions, en témoigne la séquence d’ouverture du prochain opus, Terminator 3, où l’on retrouve un John en perdition, comme s’il avait appris quelque chose du Terminator. Un discours de « crise » que développe la saga puisque le Terminator devra affronter une redoutable Terminatrix dans ce même opus 3.

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Travaux cités:

TASKER, Yvonne, Spectacular Bodies. Psychology Press, 1993

JEFFORDS, Susan, Hard Bodies: Hollywood Masculinity in the Reagan Era. Rutgers University Press, 1994

COHAN, Steve, HARK, Ina Rae, Screening the Male. Routledge, 1992

JOHNSTON Jessica R., The American Body in Context: An Anthology. Scholarly Resources Inc.,U.S., 2001

NELMES, Jill, Introduction to Film Studies. Routledge, 2012

GREVEN, David, Queering The Terminator: Sexuality and Cyborg Cinema. Bloomsbury Publishing USA, 2017

SCHNEIDER, Steven Jay, New Hollywood Violence. Manchester University Press, 2004

KUHN, Annette, Alien Zone II: The Spaces of Science-fiction Cinema. Verso, 1999

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